L’engagement : envies d’agir, raisons d’agir

Par Bernard

Autrefois, lorsqu’il était question d’engagement, on parlait surtout des vocations à rejoindre et à se soumettre aux règles rigoureuses d’institutions telles que l’armée, la religion, la politique, les syndicats… impliquant une acceptation des contraintes, de l’autorité, voire d’une vie de soumission au choix qui avait été fait.  Sauf cas particulier, cet engagement était volontaire, et répondait à une aspiration fondamentale de nature à faire sens dans le cours d’une existence. L’engagement avait un goût de vocation qui s’inscrivait dans la durée.

L’engagement connaît aujourd’hui une certaine dévaluation. Les grandes vocations sont plus rares et se sont transformées peu à peu en motivations, le plus souvent pour une durée limitée. Aujourd’hui, on veut inventer son engagement, l’individualiser, l’adapter à ses envies et à ses moyens.
Mais sa noblesse demeure parce que l’essentiel que l’on « met en gage », c’est nous-même et notre liberté.
S’engager suppose une mobilisation volontaire de soi. Il y les raisons d’agir et l’envie d’être celui qui va agir. S’engager c’est se déclarer capable de mettre en œuvre son énergie, ses compétences et son temps pour une action nécessaire et dont l’accomplissement dans ses meilleures formes en sera gratifiante d’abord pour soi-même.
Cette gratification est personnelle et à la hauteur du risque, de l’audace, des difficultés rencontrées, de la constance et de la persévérance, mais aussi de la fidélité à la promesse faite de s’engager.
Ainsi, l’engagement se refuse à la faiblesse et présuppose un exercice de la volonté dont on ne peut pas manquer. S’engager n’est pas simplement s’occuper, ni même s’affairer. On ne s’engage pas non plus sur un coup de tête, l’engagement est un élan créateur capable de combler les aspirations profondes sinon la raison d’être de la personne.
L’engagement est donc avant tout une démarche personnelle significative : on s’engage au nom de ses convictions à respecter telle ou telle règle de vie.

Mais l’engagement n’est pas seulement individuel. Il s’inscrit souvent dans un projet collectif. Celui qui s’engage, le fait savoir aux autres. De ce fait, il prend une place dans l’exécution globale du projet.  Le groupe vis-à-vis duquel l’engagement est pris, accepte l’engagement en confiance, considérant l’importance de l’enjeu, et la fiabilité de celui qui s’engage. Le non respect de l’engagement résonne négativement sur l’ensemble du groupe, mais surtout sur celui qui a failli à son engagement et qui en éprouve de la culpabilité.
Il est bien possible que le groupe décide alors de dégager celui qui a failli dans son engagement.

En conclusion on peut attribuer à l’engagement trois caractéristiques particulières :

  • Une action créatrice parce qu’une personne capable de s’engager mobilise des ressources pour susciter une réalité à la hauteur de son exigence. Ainsi, l’engagement possède réellement un pouvoir créateur : à travers lui, quelque chose a commencé d’être qui n’existait pas auparavant. Il n’en tient qu’à la personne qui s’engage pour que cette création persiste dans le temps.
  • Une action d’affirmation de soi parce qu’une personne qui respecte son engagement occupe sa place, se prouve à elle-même et aux autres qu’elle est maître de son existence dans le temps. En s’engageant, une personne n’abandonne pas sa liberté, mais, au contraire, accède à une nouvelle forme de liberté : celle d’obéir à sa propre décision.
  • Une action porteuse de sens. Tenir son engagement, c’est faire un effort pour maintenir une certaine idée de sa présence dans le monde. En s’engageant, une personne n’agit plus par simple habitude ou selon ses instincts, mais adopte une norme personnelle, une norme qui lui sert de guide ou de repère.

Ces quelques réflexions conduisent à penser qu’il existe un lien entre l’engagement et le sens qu’une personne trouve dans sa vie.

 


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