Atelier-rencontre Colibris du 14 mai 2024 – Éco-anxiété

Par Vincent GROSJEAN, Psychologue.

LE MOT éco-anxiété est apparu et a été relayée de manière un peu insistante dans les médias depuis quelques années. On peut s’interroger sur le pourquoi et le comment de cet engouement pour ce terme, qui a succédé à d’autres et a été quelque peu suivi par d’autres pour qualifier nos rapports aux enjeux climatiques et écologiques.

Le constat

Du côté des chiffres relayés dans la presse et issus de travaux d’enquête scientifique, on retiendra qu’une étude de 2021[1] auprès de jeunes de 16 à 25 ans dans dix pays révèle que près de 60 % d’entre eux se disent très ou extrêmement préoccupés, mais que d’autres émotions sont présentes à côté de l’anxiété : la tristesse, la colère, le sentiment d’impuissance, la culpabilité. 45 % de ces jeunes estiment que leur ressenti en rapport au changement climatique a un impact négatif sur leur vie et leur fonctionnement quotidien. Ils sont également nombreux à évoquer des formes de rumination de pensées négatives en lien avec le changement climatique. Ces jeunes considèrent en outre que la réponse du gouvernement de leur pays face au changement climatique n’est pas à la hauteur et l’étude relève que l’anxiété et la détresse face à la dégradation du climat sont liées à la perception de l’insuffisante de la réponse des gouvernements et au sentiment que cela constitue une forme de trahison pour les citoyens.

Les lectures alternatives

Un certain nombre de voix se sont élevées pour critiquer le terme, qui peut être lu comme une manière de «situer le problème du côté de la santé mentale de l’individu», en sous-entendant que c’est lui qui va mal et que c’est lui qui devrait consulter (un spécialiste de la santé mentale pour se soigner), alors qu’on pourrait plus constructivement considérer qu’il est sain de se sentir préoccupé et concerné par un problème bien réel, qui met en danger les perspectives de l’humanité entière et génère d’ors et déjà de la souffrance pour de très nombreux humains, tout autant que pour de très nombreux animaux et plantes. D’autres attitudes face à ce problème : le déni (détourner le regard, refuser de voir) ne sont certainement pas plus saines !!

Du côté des réponses

Pluisieurs collectifs de psychologues, dont certains se réclament de l’éco-psychologie, mais aussi des auteurs comme Joanna Macy propose des manières de répondre à cette souffrance humaine qui est bien réelle et qu’il faut considérer en tant que telle. Par exemple dans ce qu’on appelle en français LE TRAVAIL QUI RELIE (cf la présentation sur le site Colibrishttps://colibris-nancy.fr/travail-qui-relie-et-alimentation-vegetale/), la méthode qu’elle a contribuée à développer, cette souffrance est considérée comme le témoignage du fait que nous nous sentons reliés à la grande trame de la vie, et donc concernés par ce qui lui arrive. Il s’agit ensuite de construire à partir de cette reliance en posant un nouveau regard sur le monde et notre possibilité d’agir, puis de nous mettre en mouvement en nous reliant à d’autres qui partagent notre préoccupation. Un ensemble de psychologues allemands fédéré autour du collectif «psychologues pour le futur» propose soutenir activement les processus de changement que la crise rend indispensables ( https://english.psy4f.org/about-us/  ).

1.            Hickman, C., et al., Climate anxiety in children and young people and their beliefs about government responses to climate change: a global survey. The Lancet Planetary Health, 2021. 5(12): p. e863-e873.


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2 réflexions au sujet de “Atelier-rencontre Colibris du 14 mai 2024 – Éco-anxiété”

    • Bonjour Sandrine,
      C’était effectivement le 14 mai.
      En revanche, le 11 juin la rencontre portera sur « Le bonheur est-il compatible avec l’inscription dans une démarche de transition, qui est souvent synonyme de sobriété et de restriction ».
      Nous aurons bien du plaisir de faire votre connaissance.
      Bernard

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