Des livres pour repenser sa place dans le monde

Ce mois-ci, je voudrais te parler de deux livres que j’ai lus récemment, et qui m’ont permis d’interroger la place que je pense avoir dans le monde, que ce soit :

  • ma place en tant qu’être humain dans la « hiérarchie » de la planète
  • ma place et mon rôle à jouer en tant qu’individu dans une société responsable de la situation environnementale actuelle.

Oui, rien que ça !

Les livres ont toujours eu une place très importante dans ma vie, et c’est via des livres que j’ai commencé à m’intéresser à l’écologie, notamment avec le livre Zéro Déchet de Béa Johnson, qui a eu un rôle capital dans ma transition.

Il se trouve que ces deux derniers mois, j’ai lu coup sur coup deux livres qui ont à nouveau eu un impact profond : L’Arbre-monde (titre original : The overstory), de Richard Powers, et On ne sauvera pas le monde avec des pailles en bambou, d’Anaelle Sorignet.

Le questionnement qu’ils m’ont apporté est assez similaire, pourtant, on ne saurait faire plus différents que ces deux bouquins-là.

Le premier m’est tombé dans les mains de façon impromptue, traînant dans la bibliothèque chez ma mère, sa couverture attirant immédiatement mon regard.

Le second est arrivé chez moi sous forme de tapuscrit (un manuscrit en pdf), envoyé par son futur éditeur : le hasard a fait que c’est moi qui ait été choisie pour en réaliser les illustrations (dont celle que je te présente en haut de cet article).

Le premier est un roman, gros pavé de plus de 700 pages, écrit par un Américain qui a déjà une longue carrière d’écrivain derrière lui, et qui a valu le prix Pulitzer 2018 à son auteur.

Le deuxième est un essai, écrit par une jeune bloggeuse française qui signe ici son premier livre (mais pas son premier écrit, donc).

Le premier est d’une poésie à couper le souffle, d’un symbolisme parfois à la limite de l’obscur, et est une déclaration d’amour inégalée pour une espèce dont on oublie souvent qu’elle est vivante : les arbres.

Le second est écrit dans une langue moderne, cash et à l’humour décapant, et parle de l’humain, de l’humain et encore de l’humain.

Pourtant les deux ont ceci de commun qu’il décrivent avec un réalisme on ne peut plus brutal la situation sociale et environnementale actuelle, tout en nous proposant peu à peu, au fil des pages, de repenser notre rapport au monde et nos possibilité d’action.

Focus.

L’arbre-monde, de Richard Powers.

Ce roman-épopée suit une poignée de personnages aux États-Unis, qui ne se connaissent pas mais dont les chemins sont amenés à se croiser ou à impacter la vie des autres d’une manière ou d’une autre.

Tous les personnages sont chacun liés depuis l’enfance à un arbre particulier : érable, chêne, sapin… Cette « rencontre » précoce avec un arbre semble dominer leur destin, de sorte que chacun, à sa façon, va finir par s’engager à l’âge adulte dans un activisme désespéré pour protéger les forêts anciennes américaines. Celles-ci disparaissent à un rythme toujours plus effréné sous les coups de tronçonneuses, pour laisser place à des forêts uniformes, jeunes et appauvries, destinées à fournir le pays en bois bon marché.

En filigrane des destins de ces humains engagés, se dessine une autre histoire (The overstory en anglais, la « surhistoire ») : celle de ces forêts, de ces arbres, dont on découvre au fil du roman la richesse et l’intelligence. Richard Powers nous initie aux secrets des arbres avec une précision scientifique et une poésie qui touchent au sublime.

Ce roman nous fait aussi percevoir très explicitement que non, l’Homme n’est pas au sommet de la hiérarchie ou de la chaîne alimentaire, que l’exploitation forcenée et aberrante des ressources n’est pas un dû, et surtout que non, il ne suffit pas de replanter un arbre pour effacer l’abattage d’un spécimen âgé de plusieurs décennies, voire multi-centenaire.

L’idée de « ressource renouvelable » pour parler du bois est mise à mal, on se rend compte que l’abattage d’un individu unique est une perte irrémédiable.

Si on détruisait la Joconde, suffirait-il d’en repeindre une copie et de la remettre à sa place au musée pour considérer que le dommage est réparé ?

On ne sauvera pas le monde avec des pailles en bambou, d’Anaelle Sorignet

Dans cet essai, Anaelle Sorignet nous invite à accepter la situation environnementale actuelle pour en finir définitivement avec le déni ou la fuite, qui sont deux des réactions très fréquentes face à tout ça.

Loin de nous laisser dans la peur et l’éco anxiété, qui ne peuvent que ressurgir une fois qu’on fait face à cette réalité et au futur qui nous attend, elle nous propose des pistes pour pouvoir vivre avec sérénité et courage dans cet environnement.

A mi-chemin entre livre écolo engagé et manuel de développement personnel, cet essai interroge notre rapport au monde et à la situation écologique.

A la lecture du titre, la réflexion qui vient naturellement est : « OK, mais si ce n’est pas avec des pailles en bambou (et autres gestes éco responsables…) qu’on sauvera le monde, on le sauvera comment ? C’est quoi la solution ? »

Loin de nous en donner une réponse, l’auteure nous amène surtout à nous poser une autre question : le monde doit-il vraiment être sauvé ? Et s’il doit l’être, est-ce par moi, individu atteint du syndrome (honorable, certes) du sauveur… qui on le sait, ne sauve bien souvent personne ?

Loin de plomber l’ambiance, malgré un sujet difficile et des réponses loin d’être faciles à entendre, on finit pourtant la lecture optimiste et plein d’envie de passer à l’action.

Quelle action ? Certainement pas celle à laquelle on s’attendait. Je t’invite à le lire pour le découvrir par toi-même.

Je te laisse en ce début d’automne pluvieux où on n’a qu’une envie, rester au chaud, avec ces deux pistes de lecture. Partage-nous tes impressions en commentaire, pour voir si ces livres t’ont autant bousculé.e que moi !

Laisser un commentaire