Le respect est mort !

Le respect est mort, voici son oraison.

« On entend un peu partout que le Respect est mort. Le Respect est mort, vive le respect, le Respect est mort, vive le Respect.

On ne sait pas qui est responsable de ton assassinat, l’enquête est en cours, chacun y va de sa théorie, mais pour l’instant l’heure est au recueillement.

On dit que ce sont les meilleurs qui partent les premiers, on devrait plutôt dire qu’on s’aperçoit que ce sont les meilleurs qu’une fois qu’ils sont partis.

On ne peut pas dire qu’on a été surpris. Avec l’avènement des réseaux sociaux, ça se voyait que t’avais pris un coup dans l’aile. Mais on se disait “après tout, il est solide, il va s’en sortir, il en a vécu d’autres”.

Et puis, petit à petit, avec l’augmentation de l’écart des richesses dans le monde et dans le pays, on commençait à s’inquiéter. “Quelqu’un à des nouvelles du Respect?” Se demandait-on un peu inquiet. “Oui, moi je l’ai vu il y a quelque mois mais il avait pas l’air en forme”.

Les talk shows, les phrases assassines, les buzzs et même certaines lois liberticides, auraient dû nous mettre la puce à l’oreille.

Et puis un jour, plus de Respect. Le Respect est mort, vive le respect.

La rumeur s’est répandue sans trop surprendre. Le respect est mort ? Je pensais que c’était déjà le cas !

Et d’un coup, tout le monde s’est mis à te réclamer. Les gilets jaunes d’abord, les réfugiés, les étudiants, les urgentistes, les infirmiers, les ouvriers, les chômeurs, les avocats, les retraités, les femmes, les musulmans, les juifs, les LGBT, les pompiers et même les policiers prennent conscience de ton absence. J’en oublie bien sûr. La Nature aussi te demande. Aujourd’hui l’ensemble de la population sent qu’il y a un manque de toi.

On te pleure un peu partout parce qu’on sent bien que sans toi, la société ne peut pas avancer.

Alors si tu manques à tout le monde, qui a tué le Respect ?

Oui, c’est vrai qu’on est tous un peu responsables de ta mort. Peu de gens se sont vraiment dressés contre ces courses à l’audience qui encouragent l’insulte, ces recherches effrénées de clics qui encouragent les images violentes.

C’est vrai qu’il est arrivé qu’on t’oublie. Assez souvent même. Que veux-tu, on manifeste souvent avec de la colère une émotion pas vraiment compatible avec toi. Et il y a là un paradoxe. Plus tu disparaissais, plus la colère montait et plus la colère montait, plus tu disparaissais. Comment demander le respect à celui qui le recherche ?

Et nous voilà réunis devant ton cercueil à se demander ce qu’on va faire sans toi.

Peu importe qui est le responsable, ça ne te fera pas revenir.

Mais dans cet instant de recueillement me vient une autre question :

Quelqu’un a des nouvelles de la dignité ? »

 


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