par Vincent
Le travail qui relie, (méthodologie proposée par Joanna Macy), a pour but principal de permettre à chacun de découvrir et de faire l’expérience de sa connexion innée aux autres et au monde, puis de se connecter aux capacités d’auto-guérison systémiques propre à la vie, au réseau d’interconnexion du vivant. Ceci afin que chacun puisse « se mettre en mouvement » avec motivation et assurance pour jouer son rôle dans la création : une nouvelle civilisation éco-responsable.
Ceci se traduit par un triple changement de cap :
- se mettre au service du Vivant et de ce qui soutient le vivant (l’eau, l’air, le sol) qui nous traversent, qui fait partie de notre nature profonde ;
- faire changer les institutions humaines dans leur finalités comme dans leurs modes de fonctionnement (les fins, les chemins pour progresser) ;
- participer au changement de conscience humaine (sortir de l’ego-centration pour se connecter à notre éco-centration).
Le cheminement proposé passe par quatre étapes :
- s’enraciner dans la gratitude ;
- honorer notre souffrance actuelle ;
- porter un nouveau regard ;
- Nous mettre en mouvement vers le nouveau cap.
La spirale de ces quatre étape commence par la gratitude, il s’agit d’apaiser notre mental agité et de nous reconnecter au beau, à l’émerveillement face à ce que la vie à su créer, au merveilleux de notre propre existence, afin de stimuler nos capacités empathiques et notre confiance en la vie qui bat en nous. Cela nous aide à être plus présents et ouvre un espace psychique pour faire face à la douleur que nous portons à notre monde qui va si mal.
Puisque nous sommes sensibilisé, nous souffrons pour ce monde qui va mal en tant de points. La seconde étape demande de faire face et d’honorer notre douleur, notre souffrance. L’attitude de l’égo est si souvent de fuir, de tourner le dos à ce qui nous est désagréable… Et c’est ce que nous voudrions que les responsables ne fassent pas !! Commençons donc par ne pas le faire nous mêmes ! Accueillons, osons « faire l’expérience » de tout ce qui nous chagrine, nous fait peur, nous mets en colère ou nous amène à nous voir comme impuissant. Nous entrons avec nos émotions dans le « vrai » sens de la compassion : « souffrir avec ». Nous commençons à connaître l’immensité de notre cœur-esprit. En partageant cette étape avec d’autres, ce qui nous avait isolés dans l’angoisse privée nous ouvre maintenant dans un double mouvement associant la reconnaissance de cette douleur (interne) et la connexion à l’extérieur qu’elle témoigne : nous ne sommes pas indifférents, déconnectés de la terre qui ne souffre pas plus que de nos frères humains qui partagent cette douleur et nous relie à ce vaste champ de notre inter-existence.
Faire l’expérience de la réalité de notre inter-existence nous aide à voir avec de nouveaux yeux. Nous pouvons sentir et ressentir à quel point nous sommes intimement et inextricablement liés à tout ce qui existe. Lorsque nous regardons, c’est la vie qui regarde à travers nous. Lorsque nous cherchons un chemin d’action, c’est la vie qui cherche un chemin d’action à travers nous. Laissons-nous porter par ce regard neuf qui est notre regard tout en étant celui de la nature qui fait face à la situation. Nous commençons alors à prendre contact avec notre propre pouvoir de changement et à ressentir les choses en nous appuyant sur les liens forts de nos relations vivantes avec les générations passées et à venir ainsi qu’avec toutes ces espèces du règne du vivant qui sont aussi nos parents dans la toile de la vie .
Puis, à nouveau, nous entrons dans les actions qui appellent chacun de nous, selon notre situation, nos dons et nos limites. Agir là où nous sommes, en fonction de ce que nous sommes, du pouvoir d’agir propre à notre situation, à nos forces, à une perception claire de ce qui est possible ici et maintenant. Avec d’autres, chaque fois que cela est possible, nous fixons un objectif, établissons un plan, prenons des initiatives. Nous n’attendons pas de schéma directeur ou de système à toute épreuve, car chaque étape sera notre enseignant, apportant de nouvelles perspectives et opportunités. Même lorsque nous considérerons que nous ne réussissons pas, nous pouvons être reconnaissants pour l’audace dont nous aurons été capable et les leçons que nous avons apprises.
Et la spirale recommence. Il y a des choses difficiles à affronter dans notre monde aujourd’hui si nous voulons être utiles. La gratitude, quand elle est réelle, n’offre aucun œil aveugle. Au contraire, face à la dévastation et à la tragédie, cela peut nous ancrer. Surtout quand nous avons peur, la gratitude peut nous garder pour le travail qui doit être fait.
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