Les RERS qu’est-ce que c’est ?

Chacun possède des savoirs utiles et intéressants pour quelqu’un d’autre.
Chacun est susceptible de transmettre son savoir.
Chacun peut se faire « chercheur » de savoirs et tout le monde est capable d’apprendre.

Cet échange de savoirs repose sur le principe de la réciprocité :
toute offre de savoir suppose une demande et toute demande doit être accompagnée d’une offre.
Cela implique de jouer successivement le rôle d’enseignant et celui d’enseigné, de ne pas être toujours en position de donner ou de recevoir mais d’alterner les deux.

On n’échange que des savoirs : tout rapport d’argent ou de service est exclu.

De quels savoirs s’agit-il ?

Les savoirs classiques

  • parler une langue,
  • apprendre les maths, le droit, la philosophie, l’écriture, l’informatique,
  • découvrir la musique…

Les savoir-faire

  • la plomberie, l’électricité, la mécanique,
  • la cuisine, la couture,
  • le jardinage,
  • le maquillage…

Les savoirs fonctionnels

  • organiser une fête, décorer une table,
  • organiser un voyage,
  • remplir des formulaires administratifs,
  • s’occuper d’un bébé,
  • rédiger un CV…

Les expériences de vie

  • parler d’un pays, d’une religion,
  • parler de la vie dans un centre d’hébergement,
  • parler de l’adoption…

Comment ça fonctionne ?

Première étape : l’expression de ses offres et demandes

Si une personne souhaite participer à un réseau, il lui suffit de contacter « l’animateur » du réseau le plus proche de son domicile. Ensuite, avec l’aide de l’animateur ou non, elle formulera une offre et une demande de savoir.

Deuxième étape : la mise en relation

A la suite de cette rencontre un « metteur en relation » organisera un premier rendez-vous entre offreur et demandeur(s) de savoirs. Ceux-ci décident ensemble des contenus, des méthodes d’apprentissage, de la durée, de la fréquence des rencontres, de l’heure, du lieu d’échange.

Troisième étape : l’échange de savoirs

Quatrième étape : offreur et demandeur sont-ils satisfaits ?

Au cours de l’échange ou après, le « metteur en relation » s’assurera de la satisfaction de chacun.

La réciprocité

La réciprocité fonctionne de manière circulaire et non binaire : la « dette » est créée envers l’ensemble du réseau et non envers la personne qui a transmis son savoir. Cette réciprocité « générale » favorise la diversité des échanges.

La vie en réseau

Des rencontres collectives, des moments de réflexion, des échanges sont proposés afin que chacun puisse exprimer ses réussites, ses difficultés, les méthodes qu’il utilise…

Des moments de convivialité sont également prévus afin de pouvoir échanger de façon informelle, de sortir de l’anonymat.

Une grande liberté

Un fonctionnement sans contrainte pour les participants : rien n’est figé, rien n’est obligatoire ; on reste aussi longtemps qu’on le veut, on part, on revient ; chacun choisit ce qu’il veut apprendre, ce qu’il veut transmettre, la durée et la fréquence des échanges, les lieux d’échanges qui lui conviennent, les modes de rencontre dans lesquels il est à l’aise (à 2, 3, 5 personnes ou plus).

Les effets

Les effets directs

Les R.E.R.S favorisent la circulation des savoirs : savoirs cognitifs, savoir-faire, expériences…
Il n’y a pas, dans ces réseaux, de savoirs considérés comme supérieurs aux autres.
Tous les savoirs sont utiles (1), dès lors qu’ils sont recherchés.
Les réseaux permettent d’acquérir de nouveaux savoirs : c’est une véritable action de formation.
De plus, on apprend en enseignant car pour communiquer son savoir, on le construit, on le structure, on mobilise ses savoirs « passifs » non utilisés. On a pu noter que des enfants en difficulté (en lecture ou en maths) font des progrès considérables lorsqu’on leur demande d’aider les plus jeunes.

Les effets induits par la démarche

  • Un véritable apprentissage et souvent une remise en route pour s’inscrire dans des nouveaux parcours de formation professionnelle, Universités, etc.
  • La confiance en soi : quelqu’un qui se découvre capable d’apprendre et de transmettre des savoirs, renforce sa confiance en lui. En effet, en pratiquant les échanges, les personnes se construisent une meilleure image d’elles-mêmes, qui se reflète sur leurs comportements et, pour les enfants, sur leur investissement dans la réussite scolaire.
  • La valorisation : les réseaux permettent de valoriser les personnes en leur montrant qu’elles savent de nombreuses choses utiles pour d’autres, qu’elles sont aptes à apprendre et à enseigner. Parce qu’on est offreur et demandeur à la fois, tous les membres du réseau se sentent égaux. De plus, la demande de savoir exprimée par un autre valorise ce savoir.
  • La dignité : en faisant en sorte que chaque personne qui prend, donne à son tour, les R.E.R.S favorisent la dignité. Ce n’est pas parce que je suis pauvre, isolé, en difficulté que j’ai droit à être aidé mais parce que moi-même j’ai apporté mes ressources en savoir à d’autres.
  • La socialisation : la personne qui échange voit se vivifier le réseau de ses relations et donc se diversifier les occasions de résoudre telle ou telle difficulté. En brisant les barrières de l’âge, de classes sociales, d’ethnies, les rencontres que suscitent les R.E.R.S donnent à ceux qui le désirent les moyens de s’inscrire dans un projet de création collective.
  • La solidarité : le RERS est un système qui offre l’opportunité de se rencontrer dans une relation de parité qui désamorce les mécanismes de compétition et de rivalité.

Et plus d’effets encore…

Nous signalons également que dans une étude faite par la Caisse des Dépôts et Consignation sur les réseaux d’échanges réciproques de savoirs, il était constaté :

« Les moments et lieux d’échanges de savoirs (dans les réseaux), sont parmi les rares moments et lieux (de rapports sociaux réellement observables) où un public n’en chasse pas un autre »
et
« S’il y émane une capacité à susciter la permanence de rencontres entre personnes très diverses (origines sociales, nationales,..), c’est que ce qui compte c’est la légitimité de ces rencontres qui trouve son origine dans la motivation de chacun des participants à communiquer un savoir ou à se l’approprier. L’intégration 
sociale est un effet induit de la motivation à apprendre, il n’y a pas de mise en scène de l’intégration. »

Du croisement des mouvements pédagogiques, des associations d’éducation populaire et des questionnements politiques autour de la citoyenneté, de la lutte contre les exclusions, ont donc émergé de nouvelles pratiques d’apprentissage renforçant la cohésion sociale en créant ou recréant des liens sociaux, mettant en valeur les personnes, favorisant pour chacun la prise de conscience de ses savoirs, savoir transmettre, savoir apprendre.

Car nous constatons à partir de nos pratiques que la formation tout au long de la vie devient une nécessité, l’accès aux savoirs et les capacités d’autoformation permanente deviennent des éléments vitaux. Plus que le niveau de connaissances, ce sont les capacités à apprendre qui sont nécessaires. Lorsque le rapport au savoir devient central pour chacun, il devient un facteur d’exclusion s’il ne dépend que du niveau social et économique.

La démarche des Réseaux d’Echanges de Savoirs bouscule la ligne de partage entre « savoir légitime » (culture savante) et « savoir illégitime » (culture populaire) : « tout le monde sait quelque chose » et « tous les savoirs sont de droit, de principe, à tous ».

En fait, les réseaux d’échanges de savoirs proposent un processus d’apprentissage vers des savoirs nouveaux et une reconnaissance des savoirs existants, mais sous estimés.

Enfin ils affirment que « tous peuvent contribuer à faire circuler des savoirs utiles aux autres ».

(1)- Tous les savoirs qui respectent la personne humaine et la paix entre les humains

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