Utilisé en coaching, l’Ennéagramme est avant tout un outil de découverte de compréhension de soi et des autres. Il est particulièrement utile pour une meilleure confiance en soi et une communication plus efficace.
On attribue la science de l’ennéagramme aux chaldéens qui on le sait excellaient dans l’étude des caractères humains.
Rien n’est sûr, mais c’est un concept très ancien, et sûrement assez pertinent pour arriver jusqu’à nous.
L’histoire plus récente montre que nombre de chercheurs de tous les continents ont approfondi son étude, l’accommodant aux besoins de leurs propres croyances. Il n’est donc pas étonnant d’observer des variantes et des interprétations parfois un peu orientées qui en résultent.
Mais l’esprit de notre atelier « Quête de sens » nous conduit à ne retenir que les aspects basiques sur lesquels tous le monde est d’accord, en laissant à chacun le soin d’approfondir les interprétations qui lui conviennent. Ce sont d’ailleurs ces mêmes notions élémentaires, qui donnent à ce diagramme en neuf points, son caractère « magique », qui lui valut aussi d’être considéré comme « la porte de la vérité » ou encore le «symbole de toute vie».
Fabien Chabreuil, qui a beaucoup contribué à la réintroduction de l’ennéagramme en France, et auprès de qui je me suis formé il y a plus de 20 ans, raconte l’histoire de ce roi astrologue qui avait lu dans les étoiles qu’un certain jour à une certaine heure, un malheur allait s’abattre sur lui et qu’il en mourrait.
Il avait fait construire une demeure aux murs épais et solides et placé toute son armée autour de sa maison pour monter la garder et le protéger. Mais, au bout de quelque temps, il réalisa qu’il voyait la lumière du jour et que cela signifiait qu’il y avait une ouverture par laquelle on pouvait entrer. Il la fit murer et devient ainsi son propre prisonnier. C’est de cela qu’il mourut.
Cette histoire illustre le fonctionnement de la personnalité humaine telle que le décrit l’ennéagramme.
Dès notre petite enfance, nous nous sommes adapté à un monde que nous percevons, à tort ou
à raison, comme difficile ou parfois hostile. Pour cela, nous avons mis en œuvre toute une série de comportements. Si ces comportements ont été efficaces, nous avons eu tendance à les répéter encore et encore. Ils sont devenus des automatismes que nous ne savons plus remettre en cause et qui limitent notre faculté de sentir, de penser et d’agir. Ainsi, nous sommes les prisonniers des habitudes que nous avons nous-mêmes créées. Elles façonnent notre personnalité apparente et nous nous identifions à elles.
L’ennéagramme nous aide à repérer ces schémas répétitifs et surtout à percevoir les
motivations inconscientes qui ont abouti à leur mise en place.
Découvrir cette part profonde, et le plus souvent inconnue, de notre personnalité est un moment exceptionnel où nous pouvons nous comprendre intimement, et en même temps, nous accepter totalement.
Mais le savoir n’est utile que si on en fait quelque chose.
L’intérêt réel de l’ennéagramme réside dans les indications qu’il nous fournit pour mettre fin à ces automatismes qui constituent notre fausse personnalité. Ainsi peuvent être libérées l’ensemble de nos potentialités qui constituent notre essence, notre Moi profond et véritable.
Cet objectif de devenir un être libre, efficace, complet et authentiquement humain est le même pour chacun de nous.
Mais chaque chemin est différent.
Les 3 centres.
Tout comme le « symbole chinois » (une croix entre un carré et un cercle) ou les « préférences cérébrales », l’Ennéagramme propose que tout être humain disposerait de 3 centres parmi lesquels il manifeste une préférence.
- le centre instinctif qui assure notre survie physique et psychologique dans le présent. Il compare ainsi le présent aux situations vécues du passé qui sont semblables et choisit ainsi d’agir ou non, de changer ou non. C’est le centre de notre énergie vitale, de nos actes spontanés, de notre coordination physique, de notre manière d’agir.
- le centre émotionnel qui s’intéresse à nos désirs et à nos besoins et à ceux des autres. Il se préoccupe de nos relations aux autres. A l’instar de nos émotions, il vit profondément dans le présent.
- le centre mental qui est le lieu du raisonnement, des choix, des décisions, des plans et des projets. Il raisonne par analyse et synthèse à partir d’informations se voulant objectives. Il est orienté vers le futur.
L’idéal serait une utilisation harmonieuse des trois centres qui sont complémentaires.
Mais le plus souvent, nous marquons une préférence pour l’un d’entre eux, provoquant ainsi un déséquilibre réduisant nos performances. La situation se trouve aggravée par le jeu des 3 peurs relatives à chacun des centre concernés.
C’est en effet la réaction aux « 9 peurs » qui se révèle déterminante dans la constitution de la personnalité.
Remontant à la petite enfance, on ignore le plus souvent les circonstances et la peur induite qui a été assez intense pour construire notre système d’adaptation. La recherche de leurs causes probables (réelles ou seulement perçues comme telles) n’est pas utile en soi dans notre étude. En revanche, il est nécessaire de découvrir la peur qui est ou a été active, pour en relativiser les conséquences, bien différentes à l’âge adulte que lorsque nous étions enfants.
Mécanisme de constitution.
Le mécanisme de constitution de la personnalité est assez complexe et variable, cas par cas. Mais pour en comprendre le fonctionnement général rien ne vaut un exemple.
Exemple : Un enfant percevant habituellement de la colère dans son environnement parental peut en être réellement affecté au point d’éprouver une peur très intense. Même s’il n’est pas la cause provoquant la colère, il peut néanmoins se sentir responsable de ce qui arrive. De là à se sentir coupable de ce qui arrive, il n’y a qu’un pas. Toujours est-il qu’il est prompt à comprendre que pour éviter la colère, il convient d’être irréprochable, c’est à dire parfait.
Il grandit en s’adaptant à cette peur de la colère . Il développe peu à peu des stratégies de perfectionniste qui deviennent une « compulsion » c’est à dire une pulsion qu’il est impossible de réprimer. Il devient un (1)
Le (1) est parfois lent et a souvent du mal à terminer son travail puisqu’il n’est jamais assez parfait à ses yeux, même s’il est généralement exemplaire. Il a le chic pour compliquer les choses, en ajoutant des étapes préalables pour qu’à coup sûr le résultat soit parfait.
Hélas ! la perfection n’est pas de ce monde. Alors, jamais content de lui, sa confiance en lui est généralement faible.
Il est dur avec lui-même et naturellement, aussi très critique à l’égard des autres, envers lesquels il se sent fondé d’exprimer par sa colère (bien légitime à ses yeux), parfois de façon disproportionnée. Sa vie est essentiellement : jugement, critique et repérage (d’un seul coup d’œil) de ce qui n’est pas parfait.
On voit bien que la situation se complique, tant pour la personne elle-même que pour son environnement. Aux aspects extrêmement positifs, vertueux et à l’idéal élevé auquel il aspire, se rajoute des inconvénients et des situations qui peuvent être parfois difficiles.
On peut poursuivre le développement de cette compulsion en incluant même certaines variantes. Mais il faut retenir que c’est une seconde nature, qui empêche la vraie nature de s’exprimer.
Heureusement, avec le temps les choses s’arrangent à la suite de prises de conscience des inconvénients de cette manière de vivre. L’ouverture aux autres notamment permet au perfectionniste de devenir plus empathique, à mieux comprendre que les valeurs d’humanité sont plus importantes. Il se rapproche ainsi du (2). Les années passant, il observe que la vraie perfection n’est pas dans les réalisations, et, tenant compte de son expérience du (2) chemine vers le (9), séduit par la médiation et l’apaisement comme celui qui évite les conflits.
Ce que nous venons de voir dans l’exemple du (1), se décline naturellement de la même façon pour les 8 autres peurs qui induisent chacune une compulsion spécifique, développant aussi des talents et des passions (contreparties des talents).
Enfin, le temps et l’expérience aidant, le (numéro) se rapproche d’une « aile« , puis de l’autre, c’est à dire des (numéros+1) ou (numéro – 1).
Vous avez pu observer que le diagramme ci-dessus présentait des liens fléchés, les « influences« .
Ainsi, quand la personne va moins bien et qu’elle est momentanément plus fortement que d’habitude soumise à sa compulsion de base, elle est de surcroit, influencée par la compulsion du (numéro) d’où vient une flèche.
En revanche, lorsqu’elle est en forme et moins soumise à sa compulsion de base, elle est aussi influencée favorablement par les qualités du (numéro) vers lequel pointe sa flèche.
Ainsi, lorsque le (1), va moins bien et qu’il est fortement soumis à sa compulsion d’évitement de la colère ; il est aussi influencé par la peur de la souffrance du (7). Mais lorsqu’il va bien et qu’il est moins soumis à sa compulsion, il reçoit en prime les bienfaits et vertus du (4).
On observe en passant, que les « influences » nous viennent des « centres » différents de celui que nous préférons, comme une indication naturelle ou instinctive à rétablir l’équilibre de nos 3 « centres« . Ces différents « mouvements » nous laissent à penser que par le jeu des « ailes » et des « influences » notre fonctionnement évolue, parfois jusqu’à nous entraîner tout autour du diagramme. Nous tendons alors vers un équilibre parfait, c’est à dire en devenant nous-mêmes.
Les 9 types de personnalités
Il nous reste à citer les 9 peurs et décrire les caractéristiques liées à chacun des (numéros) ou « types« .
Ainsi, on distingue 9 types de personnalités habituellement désignées par un qualificatif : intègre, généreux, épatant, original… ou le perfectionniste, l’artiste, le battant, le chef…
Je crois cependant qu’il est préférable de ne les distinguer que par leur numéro, ce qui évite une qualification un peu trop hâtive et donc restrictive de chaque type.
Le (1) a peur de la colère. Il l’évite, celle des autres et surtout la sienne. Pour cela, il cherche à faire parfaitement ce qui doit être fait.
Comme il est très critique vis-à-vis de lui-même et des autres, il trouve systématiquement que les résultats ne sont pas à la hauteur de ses attentes ; il en ressent une forte colère.
Il est tiraillé par des » il faut » et » je dois » qui le poussent à travailler très fort et à s’améliorer constamment. Il l’intériorise plutôt que de l’exprimer et fait de même pour tous les sentiments qui pourraient susciter un jugement négatif de la part des autres ; il peut ainsi se révéler un compagnon agréable.
Le (1) est doté d’un très haut sens moral. Quand il réalise quelque chose, il est extrêmement impliqué et travailleur.
Le (2) a peur de ne pas être reconnu (ou de ne pas exister) . Il a appris à s’en passer. Il évite donc de reconnaître ses propres besoins. A la place, il cherche à satisfaire les désirs et les besoins des autres, exprimés ou non. Très relationnel, il est toujours prêt à rendre service ou à donner un conseil. Disponible, il tire fierté de sa double capacité à aider les autres et n’avoir, lui, aucun besoin d’aide. Quoique prétendant le contraire, le (2) désire qu’on soit reconnaissant de ce qu’il fait. En fait, il pense que c’est rarement le cas.
Il peut se montrer possessif, jaloux et culpabilisant. Très attentionné, il a le don d’installer un climat de confiance qui invite l’autre à l’ouverture du cœur et aux confidences.
Le (3) a peur des échecs. Il cherche le succès pour montrer aux autres sa valeur.
Énergique, impliqué, organisé, il a toujours au moins un objectif en cours de réalisation. Pour réussir, il préfère le court terme, évite les risques et attend des autres qu’ils contribuent à son succès.
Le (3) est en représentation dans le monde : il joue n’importe quel rôle utile à ses objectifs et il y croit, pouvant ainsi mentir à lui-même autant qu’aux autres. Grand optimiste, il a le don de susciter l’enthousiasme chez les autres.
Le (4) a peur d’être comme tout le monde. Il évite la banalité. Il cherche à être unique et à vivre des émotions intenses. Très sensible aux critiques, il se sent incompris et a peur de ne pas être accepté par les autres ; il est souvent mélancolique, solitaire et aime se réfugier dans son imaginaire qui est très riche. Passionné et fréquemment envieux, le (4) est sensible à la beauté qu’il sait percevoir et souvent créer.
Il cherche à la communiquer et cela lui semble difficile. En amour, il vise un idéal souvent inaccessible.
Le (5) a peur de ne pas savoir. Il évite le vide intérieur. Il cherche avec avidité la compréhension du monde, à accumuler des connaissances. Il a la pensée et la parole aisées et structurées et sait écouter. Il exige que l’on pense par soi-même. Le (5) est avare de son temps et de ses connaissances. Il n’aime guère agir, ni s’impliquer émotionnellement ; au contraire, il apprécie les moments de retrait où il peut acquérir son cher savoir et alors emmagasiner de l’énergie. Souvent libre-penseur, original, il surprend par son non-conformiste.
Le (6) a peur de la déviance et l’évite. Il cherche à respecter et à rester dans les règles et les normes existantes ; il se sent ainsi en sécurité.
Il aime être relié à un groupe structuré envers lequel il se montre loyal et généreux. Le (6) peut changer d’avis, d’émotion ou d’attitude en un court laps de temps. Il est soit en violente opposition, extrêmement soumis à l’autorité.
L’une de ses plus belles caractéristiques, c’est la loyauté ou la dévotion, cet attachement fervent et fidèle à quelqu’un ou à un principe, une qualité rare dans notre monde individualiste.
Le (7) a peur de la souffrance qu’il évite qu’elle soit morale et physique. Il recherche avec gloutonnerie les choses immédiatement plaisantes. Gai, bavard, optimiste, il aime profiter des plaisirs de la vie. Il tire des plans sur la comète et aime que les autres y prennent part. Communicateur né, il aide les autres à voir les beaux côtés de la vie et à en profiter. Le (7) exerce plusieurs activités à la fois, butine et surtout ne s’attarde pas en cas de difficultés, y compris dans les relations. Cette réaction, qui lui semble rationnelle, est souvent jugée superficielle.
Le (8) a peur de la faiblesse qu’il évite. Il cherche en permanence à garder le contrôle et à prendre le pouvoir : il teste les frontières ; il aime ne pas respecter les règles en place ; il préfère imposer ses propres idées et ses propres règles.
Il est coupé de ses émotions qu’il considère comme des signes de faiblesse, énergique et enthousiaste, le (8) agit avec excès, quel que soit le domaine d’activité. Apparemment fort et solide, c’est quelqu’un sur qui l’on peut compter, surtout en situations de crise ou quand une intervention immédiate est requise.
Le (9) a peur des conflits. Il cherche à maintenir la paix intérieure et extérieure : il estime que rien n’a vraiment d’importance. Cela l’amène à être indolent et à éviter nouveautés et prises de décision. Mais cela fait aussi de lui un être calme et apaisant, parfois un excellent médiateur. Le (9) sait instinctivement ce que ressentent les autres ; il fusionne avec les autres, parfois au détriment de ses propres besoins.
Non jugeant, il connait l’art d’écouter sans juger. Il pourrait bien être celui qui a prononcé la phrase « Vivre et laisser vivre ».