par Eva et Régis
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Un bref rappel de l’Humanisme historique de la Renaissance
La culture littéraire de la Renaissance a beaucoup reposé sur l’allusion aux textes classiques comme à l’Écriture sainte. Il s’agissait de former l’Homme par la fréquentation des textes anciens, des Belles Lettres, par la confrontation aux humanités, ce qui a été grandement facilité par la découverte et le développement de l’imprimerie.
- Sources essentiellement italiennes (14ème et 15 siècles) : Pétrarque…
- Fin 15ème et surtout début du 16ème siècle : propagation de l’Humanisme dans toute l’Europe sous l’impulsion notoire d’Érasme – en France celle, par exemple, de Rabelais. Il est important que les princes, dont les décisions ont tant d’impact dans la vie de leurs sujets, soient en mesure d’agir selon les principes chrétiens.
- Rabelais dans Pantagruel (1642) voit comme condition à l’apprentissage des humanités la nécessité d’y adjoindre une éthique religieuse « parce que selon les dires du Sage Salomon, Sapience n’entre point en âme malveillante, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme, il te convient servir, aimer et craindre Dieu, et en lui remettre toutes tes pensées et tout ton espoir ; et par une foi charitable, lui être fidèle, en sorte que jamais tu ne t’en écartes par péché ». On retient ici les principes de bienveillance et de responsabilité. Les enjeux ne sont évidemment pas seulement individuels, mais ils concernent bien toute la société, la renaissance de la civilisation, ainsi que l’illustre merveilleusement l’utopie humaniste présentée en 1635 dans Gargantua par Rabelais lorsqu’il y décrit l’Abbaye de Thélème.
- Montaigne dans ses Essais en 1580 et 1588 achève de souligner l’importance vitale pour l’être humain et pour la société de faire confiance à chaque homme en le plaçant au centre de ses apprentissages : on est désormais loin de la simple connaissance des textes anciens !
- Par extension, « humanisme » s’emploie aussi parfois pour désigner les courants de pensée qui mettent l’homme au centre de leurs préoccupations. On y retrouvera ainsi des auteurs de l’Antiquité, ceux des Lumières et des mouvements contemporains.
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L’Humanisme en psychologie
- Jusqu’en 1940, les courants psychanalytiques et béhavioristes dominaient la psychologie
- À partir des années 1940, des psychologues veulent élargir le panel des possibilités thérapeutiques et le sens même de la psychologie. Pour eux, l’être humain n’est pas qu’un instrument de ses pulsions ou un sujet déterminé par les pressions de l’environnement, et ils le restituent dans toutes ses dimensions humaines. Jacques Lecomte l’évoque ainsi dans Les 30 notions de la psychologie (p.16) : « un individu désireux de s’accomplir dans l’épanouissement personnel et la relation avec autrui » – le psychologue humaniste cherchera pour cela non plus à stigmatiser les aspects pathologiques de son client, mais bien à s’appuyer sur les « saines possibilités » de chaque être humain, en choisissant délibérement de s’intéresser « aspects positifs de l’existence ».
- Les représentants les plus connus de ce courant sont certainement Abraham Maslow, très connu pour sa hiérarchie des besoins, et Carl Rogers, pour son approche centrée sur la personne (ACP qui repose sur l’authenticité, la considération et la compréhension empathique). Pour Rogers, cité par Lecomte, « la nature fondamentale de l’être humain, quand il fonctionne librement, est constructive et digne de confiance ». Maslow, pour la prise en compte des besoins humains, et Rogers, pour l’importance accordée à l’écoute et la relation, marqueront profondément ce courant thérapeutique.
- Selon Serge et Anne Ginger dans leur Guide pratique du psychothérapeute humaniste (p. IX), les caractéristiques principales des psychothérapies « humanistes » ou « existentielles » sont les suivantes :
- « l’homme est considéré dans l’interaction de toutes ses dimensions : physique, émotionnelle, cognitive, sociale et spirituelle
- [le] travail [est] non seulement intra-psychique, mais inter-psychique, prenant en compte l’individu, mais aussi ses relations avec son environnement, dans le champ global ;
- l’expression du client n’est pas pas exclusivement verbale : il peut se mouvoir ;
- le présent et le futur importent autant que le passé ;
- la part de liberté, et donc de responsabilité personnelle, est essentielle. » .
On le voit : la filiation avec l’humanisme de la Renaissance est présente à travers la confiance, l’estime et l’attention accordée à chaque être humain, la reconnaissance de ses besoins, celle de la légitimité de ses aspirations à l’épanouissement et à la relation à autrui, celle encore de sa liberté à bien vouloir s’inscrire dans une démarche pour se donner les moyens de grandir et de se réaliser.