Pierre Rabhi !…
Qui m’aurait dit que j’aurais tant de joie à prononcer son nom ?…
C’est l’histoire d’une découverte d’une personne qui m’a émue profondément. Comment se fait-il que je ne l’ai pas découvert plus tôt ?
Depuis longtemps, je suis admirative devant le spectacle de la Création : ses paysages de mer, de montagne, ses arbres, je me souviens de l’un d’eux surnommé « Lamartine » pour son feuillage ressemblant à la chevelure de l’homme de lettre. Les fleurs, les animaux, chats, chiens…m’attirent beaucoup, mais surtout les oiseaux et particulièrement la colombe, symbole de la paix…
Un film de Coline Serreau : « Solutions locales pour un désordre global » m’avait beaucoup intéressée, et puis l’an dernier, il y a eu « Quête de sens ».
Pour moi et pour d’autres, ce film apportait de l’espoir, l’espoir que des solutions sont possibles, que des personnes ont pris des décisions positives pour redonner vie à notre planète malade et à ses habitants.
A la fin de la séance, je me suis immédiatement inscrite pour rester en relation avec Colibris. Là, j’ai entendu le nom de Pierre Rabhi, sans plus.
Peu de temps après, au siège du Mouvement ATD Quart Monde à Montreuil, à l’occasion de l’inauguration du bâtiment, je remarquai, se détachant d’une exposition de livres sur le Mouvement, un livre de Pierre Rabhi : « Vers la sobriété heureuse » ?!…
J’achetai le livre, et je l’ai lu !…
Sa lecture m’a procuré beaucoup de joie. Je découvrais un personnage d’une humanité qui me parlait…Cet homme me touchait à l’essentiel. Brusquement je me sentais proche, nous étions de la même fratrie. Il me dévoilait que des solutions sont réalisables, qu’un autre monde est possible. Chacun, à sa mesure, pouvait contribuer à le rénover, à lui faire retrouver ses valeurs originelles. Le monde, tel qu’il est devenu en ce moment, va dans le mur.
Un homme, par son amour de l’humain et de la nature, vécu dès l’enfance auprès de son père le forgeron de son oasis natale, a pu grâce à une aptitude innée et géniale jeter un regard juste sur l’évolution régressive de son oasis, reflet de la société occidentale perdant ses valeurs fondamentales qui aidaient les hommes à vivre heureux.
Pierre Rabhi est venu en Lorraine faire une conférence sur la colline de Sion. J’y étais pour l’écouter. J’ai vu ce jour-là, à l’affluence du public sympathisant, combien il était connu et apprécié ; cependant dans une attitude simple il dévoilait humblement ses valeurs et ses conceptions fortes. Je ressentais de nouveau cet espoir, l’espoir qui repose sur chacun de nous, l’espoir de « faire sa part » comme le philosophe humaniste qu’il est le préconise et le prouve lui-même par ses actions et ses engagements.
Oui, « Faire sa part » !…Ce n’est pas si simple.
Où me situer si je décide d’adhérer au Mouvement Colibris que Pierre Rabhi a créé ?…
Tenter, à ma mesure, de retourner aux sources originelles de la vie pour participer humblement à la perspective collective de sauvegarder la planète et ses habitants végétaux, animaux, humains ?…
Une telle décision exige que je m’observe avec discernement sur mes agissements et mes choix afin de détecter des erreurs à corriger, des manques à combler, Ô combien !… Inutile de culpabiliser. Rester dans la mesure, dans la modération. Et qui sait, avec l’espoir et le désir caché d’une renaissance ?…
J’ai tenu alors à relire avec attention « Vers la sobriété heureuse ». J’ai en effet retrouvé les concepts fondamentaux de Pierre Rabhi qui m’avaient attirée.
J’adhère à son manifeste contre les abus et les méfaits que la modernité a fait subir au monde minéral, végétal, animal et humain.
J’adhère à son indignation car il a su éviter l’écueil de la violence et y puiser, au contraire, une force, aiguillon, qui l’a incité à trouver de nouvelles voies pour démontrer que d’autres comportements et d’autres choix sont possibles, à condition que l’on y mette toute sa conviction.
Plus qu’un manifeste, je pense que Pierre Rabhi a écrit une somme philosophique où il décrit avec minutie le résultat de toutes ses observations, analyses, expériences réussies et il invite ses lecteurs à une insurrection des consciences.
J’ai remarquée que s’étant détaché des religions musulmane et chrétienne, il affirme cependant «avoir été éveillé à la transcendance», et déduit que « la sobriété heureuse relève résolument du domaine mystique et spirituel». Quant à «la vérité, malgré un doute permanent, le philosophe veut sous entendre qu’elle est «la puissance du divin».
Seules subsistent les valeurs fondamentales d’amour, de liberté, d’équité, de respect et beauté de l’être humain et de la nature. Je le rejoins, presque tout-à-fait, à mon humble mesure, bien sûr.
Pour moi, ce livre reflète la personnalité exceptionnelle de son auteur, son immense curiosité, son ample générosité et ses compétences qui lui ont permis de développer ses connaissances et d’enrichir ses réflexions. Il a ainsi conceptualisé un art de vivre heureux et de rendre heureux.
Pierre Rabhi, mon frère, j’ai devant moi le 1er Hors-série de Kaizen, et je regarde ton visage qu’éclaire un sourire plein d’amour et de tendresse… Je le regarde, je me sens proche de toi, en harmonie, bien qu’à des années-lumière de ton vécu… Je te regarde, et je me demande ce qui se trame encore de positif pour notre monde, derrière ce large front lumineux…
Mireille, Nancy, vendredi 1er avril 2016, 23h57